« Le Seigneur est pour le corps ? »

Pour cet éditorial, je voudrais m’arrêter à la seconde lecture de ce dimanche. La première et l’Evangile feront l’objet d’un commentaire pendant la messe.

Les paroles de saint Paul y sont percutantes et sans détour : « Le Seigneur est pour le corps ». Le corps, en grec ici soma, c’est-à-dire notre corps charnel bien concrètement. Il ne s’agit pas d’une métaphore. Nous pourrions penser pourtant que le Seigneur est davantage pour l’âme et pour la vie spirituelle. Pour appuyer ce propos et donner un argument décisif, saint Paul ajoute : « le Seigneur a ressuscité ». Ressuscité, sous-entendu avec son corps matériel. Nous savons l’insistance des évangélistes sur ce point, mettant en scène Jésus qui fait toucher son corps vivant par les apôtres et qui partage un repas avec eux.

Etant à la fois Dieu et homme, nous pouvons sans doute entendre que le Père a ressuscité son Fils dans l’intégralité de sa nature humaine. Mais nous ? Hommes et femmes, nous ne sommes pas Dieu, nous sommes malades, handicapés, nous vieillissons tous. Notre corps se fane bien vite … quel est l’intérêt de ressusciter cette vieille carcasse que je porte parfois bien lourdement ? L’immortalité de mon âme ne me suffirait-elle pas ?

Or saint Paul poursuit : « Dieu nous ressuscitera nous aussi », soit donc avec notre corps charnel. Et pourquoi cela ? « Vos corps sont les membres du Christ (…) Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint ». L’apôtre ne dit pas que nos âmes, qui sont dans nos corps, sont unies au Christ et sanctuaire de l’Esprit, mais il dit clairement (j’ai vérifié en grec) que c’est notre corps lui-même qui est ce sanctuaire du Christ et de son Esprit.

Comment le comprendre ? N’est-ce pas notre corps et celui des autres qui nous apprennent à aimer vraiment ? Ce corps de l’autre dont nous prenons soin en nourrissant nos enfants, en soignant nos malades, en souriant à nos frères, en leur ouvrant les bras et en les embrassant. Chacun, en couple ou célibataire, jeune ou vieux, homme et femme, notre corps ne nous donne-t-il pas l’unique langage de l’amour ? Maintenant, et une fois ressuscité pour l’éternité.

Père Arnaud Gautier